Femmes marquant l’Histoire – Épisode 1 – Simone Michel-Lévy

Voici le premier épisode de notre podcast : Femmes marquant l’Histoire.

J’aimerai commencer ces épisodes de “Femme marquant l’Histoire” en remettant sur la table un peu plus de 80 ans après, le périlleux récit de vie de Simone Michel -Lévy, l’une des six femmes seulement sur 1032 hommes à avoir été nommée à titre posthume “compagnon de la libération” grâce à son œuvre de résistance au cœur de l’occupation allemande de la seconde Guerre mondiale.

Car Simone fait partie de ses femmes dont la ferme conviction de se battre pour une nation juste et égalitaire défie tous les dangers et fera de son combat de résistance le leitmotiv de sa vie.

On présente d’ailleurs Simone Michel Levy comme “boussole de citoyenneté” car sa lutte contre le régime de Vichy et le régime occupationnel allemand représente des valeurs égalitaires et libertaires très fortes.

Née le 19 janvier 1906 dans une famille modeste originaire du Jura, Simone rentre à la Station de l’Ecole Supérieure des PTT, soit des Postes de Télégraphes et Téléphones à l’âge de 16 ans.

Malgré une santé précaire, elle se distingue par sa détermination de fer et son travail acharné, deux
atouts qui lui donne du cachet et lui font peu à peu gravir les échelons.

Arrivée à Paris, après plusieurs postes, elle présente et réussit le concours de “rédacteur”, devient contrôleur-rédactrice au département « Commutation » de la Direction des recherches et du contrôle technique et participe en 1941 à une mission spéciale sous la direction d’Ernest Pruvost, futur compagnon de la libération également et ancien collègue de travail. Elle prend part avec Maurice Horvais, un autre camarade à la création de “Action PTT”, un réseau complet de renseignements PTT qui s’étend sur toute la France.

Puis elle devient rapidement la responsable adjointe de la mission “Action PTT”, qui est d’ailleurs renommé “réseau de l’état major PTT” et met à profit sa double casquette légale et résistante pour développer un système de communication clandestin pour échanger et transmettre des informations non censurées.

Pour ce faire, elle commence par se déplacer dans plusieurs régions du pays et met en place un réseau de boîte aux lettres clandestines permettant d’échanger des informations.

Simone Michel Levy, connue aussi sous les pseudonymes de “Mme Flaubert” ou “Emma”, devient le point de liaison entre les différentes organisations de résistance, notamment la « Confrérie Notre-Dame » (CND) et l' »Organisation civile et militaire » (OCM). Grâce à ses collaborations avec les organisations des colonels Rémy, Touny et les acteurs mobiles des PTT agissant sous la direction d’Edmond Debeaumarché, Simone met en place, Gare de Lyon et Gare Montparnasse, une centrale permettant le transport du courrier clandestin et de postes émetteurs, par voitures postales mais aussi bientôt par les voies aériennes et maritimes. Elle assure ainsi un véritable réseau de communication.

Son implication civique ne s’arrête pas là ! Dès l’annonce du Service du Travail obligatoire (STO) en 1943, elle établit plus de cent cartes professionnelles des PTT à des jeunes réfractaires, permettant l’expansion de sa mission PTT par plus de moyens et une meilleure organisation des actions de résistance. Plutôt maligne la Simone !

Le Service du Travail Obligatoire c’est cette loi du 16 février 1943 qui, je le rappelle a réquisitionné de force plus de 600 000 français pour aller participer à l’effort de guerre en Allemagne et a convaincu les derniers vichystes parmi les jeunes français, de rentrer en Résistance.

Malheureusement pour la France et pour Simone, le 5 novembre 1943, elle est arrêtée suite à la délation de “Tilden”, le chef opérateur radio de l’organisation résistante la Confrérie Notre Dame et est emmenée dans les locaux de Georges Delfanne, alias Masuy, auxiliaire français de la Gestapo.

Inutile de préciser qu’elle y passe un sale moment, mais Simone n’avoue rien sous la torture. Elle est internée ensuite à Fresnes, dans le camp de royallieux, de Ravensbruck puis arrive finalement au camp de Flossenburg où elle est chargée de la production de cartouches et d’armes.

Mais l’esprit fougueux de Simone ne s’est pas eteint malgré toutes ces épreuves et, suivie par Noémie Suche et Hélène Lignier, elle entreprend une opération de désorganisation et de sabotage de la presse des chariots de cartouches, qui résulte en un lourd déficit de munition, et la casse de la machine.

Accusées de sabotage, Simone et ses deux comparses sont pendues sur l’ordre de Himmler lui même à Flossenburg le 13 avril 1945, soit dix jours à peine avant la libération du camp.

Simone fait partie des 6 femmes nommées compagnons de la libération par le Général De Gaulle, et je profite de cette occasion pour les rappeler à notre mémoire.

Il s’agit donc de Marie Hackin, Berthy Albrecht, Laure Diebold, Marcelle Henry, Émilienne Moreau-Évrard et Simone Michel-Lévy.

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