
Voici le quatrième épisode de notre podcast : Femmes marquant l’Histoire.
Et bienvenue dans ce nouvel épisode de femmes marquant l’histoire !
Aujourd’hui nous allons parler d’une femme qui a laissé sa discrète emprunte sur l’un des plus célèbre règne de l’Ancien Régime : le règne de Louis XIV, le dénommé Roi Soleil, célèbre pour ces années souveraines de faste et de débauche, d’art et de Lumières.
C’est d’ailleurs grâce à ce règne que l’adage : “Eteins la lumière, c’est pas Versailles ici !” auquel nous avons tous plus ou moins eu droit pendant l’enfance a fait son apparition.
Pour autant, le faste n’est pas vraiment la caractéristique première de Madame de Maintenon, née Françoise d’Aubigné alias notre élue du jour.
Françoise, née en prison le 27 novembre 1635 d’un père faux monnayeur et d’une mère très peu investie, grandit entre la Martinique où son père est exilé et la province française où une de ses tantes s’occupe de l’élever.
Elle a une enfance marquée par les difficultés sociales que son rang et son manque de moyens lui confère mais se distingue néanmoins rapidement par une sagesse et une appétence pour les mots ainsi qu’un esprit décidé. Elle poursuit son éducation au couvent des ursulines à l’âge de 14 ans où les religieuses lui apprennent à devenir une femme accomplie, c’est à dire selon les normes très conservatrices de l’époque une mère de famille, une éducatrice pour ses enfants et un soutien fidèle et efficace pour son époux.
Par bonheur, à ces principes obsolètes s’ajoutent également la culture de l’esprit par l’inculcation de la comptabilité, l’arithmancie, l’initiation à la musique, aux Arts et aux lettres entre autres.
Après le couvent, la jeune fille est confiée aux soins de Mme de Neuillan, la bienfaitrice chargée de subvenir à ses besoins et de l’introduire à la haute société parisienne pour tenter de lui trouver un époux. Ce n’est pas chose facile car bien que polie, cultivée et très jolie, Françoise est sans le sou et est protestante quoiqu’ayant bénéficié d’une éducation religieuse catholique.
Et être protestante, étant donné le conflit ravageur opposant catholiques et protestants à l’époque, n’a pas non plus facilité son entrée dans la Haute société parisienne.
La pression sociale déjà lourde, s’accentue pour Françoise, en effet comme toutes les femmes infortunées de l’époque, elle n’a pas le choix : c’est soit elle se marie soit elle rentre au couvent pour vouer son existence à Dieu.
Les concurrents ne se bousculant pas au balcon, la belle Françoise alors agée de 16 ans rencontre puis épouse Paul Scarron, une des plus belles plumes du XVIIe siècle.
Ce mariage est une aubaine pour les deux partis; un échappatoire au couvent et une entrée dans le beau monde pour l’une et la fraicheur d’une deuxième jeunesse pour le poète de 42 ans.
Si cette union arrangée ne porte pas les fruits de l’amour, elle aide néanmoins Françoise à fortifier son bagage socio-culturel et à aiguiser son caractère droit et rigoureux, ses opinions diverses et sa culture générale.
Puis Scarron meurt et Françoise est appelée peu de temps après pour occuper le poste de gouvernante auprès des enfants illégitime de Louis XIV et Mme de Montespan, l’actuelle favorite du roi dont nous parlerons plus longuement lors d’un prochain épisode et amie de Françoise.
C’est ainsi que Mme D’Aubigné commence à se faire des amies à la Cour du roi et elle y entre en 1680 en devenant dame d’atour de la Dauphine (belle fille du roi).
Peu à peu elle crée sa place, achète des terres et un titre, on l’appelle maintenant Marquise de Maintenon et devient peu à peu populaire et appréciée grâce à son tempérament persévérant et son esprit brillant.
Louis XIV, qui ne portait pas tout d’abord grand intéret à Mme de Maintenon, s’intéresse peu à peu à Françoise et la sollicite régulièrement pour lui demander conseil sur ses différentes affaires.
Françoise de Maintenon assiste ainsi au lent déclin de Mme de Montespan, la favorite du roi depuis de longues années, et prend peu à peu sa place dans la vie intime du souverain. Favorite de l’ombre, maitresse royale puis mariée en secret en 1683 au Roi Louis XIV, Françoise inscrit discrètement son nom dans l’Histoire, sans orgueil ni vagues.
Son implication auprès du roi et l’impact de sa présence sur la fin du règne de louis XIV s’inscrivent d’ailleurs dans ce courant de pensée de 1670-90 qui vise à retirer du statut de “favorite” son côté charnel comme seule définition, pour lui octroyer un rôle plus global de pouvoir et d’influence féminins, se soustrayant à l’obligation morale. Autrement dit, on parle de personnalité avec un impact dans des décisions politiques, gouvernementales et sociétales sans rattacher uniquement le terme de “favorite” à un partage charnel.
Françoise va donc accompagner le roi sur toutes ses décisions politiques et sociales.
Et si elle privilégie les arts et la culture, son modèle de régence plutôt rigoriste et conservateur rompt avec l’opulence et le faste qui caractérisait le règne du Roi Soleil
jusqu’à présent. Ayant à cœur l’éducation et l’égalité, elle fonde en 1686 la “Maison royale de Saint Louis” appelé aussi St Cyr à Rueil, financée par le roi.
Ce pensionnat, accueille et assure l’éducation des jeunes filles pauvres issues de la noblesse jusqu’à leur majorité, sur un modèle ouvert inspiré de celui du couvent des ursulines en termes d’accès à l’art.
Lorsque ces jeunes filles atteignent 20 ans, une bourse attribuée par la Couronne leur est distribuées ainsi qu’une dot pour se marier ou une place pour entrer dans un couvent. Un tel accès à l’éducation est un luxe qui révolutionne à son échelle la condition de vie des jeunes filles et donc des futures femmes de cette époque.
A la mort de Louis XIV en 1715, Françoise d’Aubigné ou Mme de Maintenon se retire à St Cyr et s’y éteint à son tour, loin de l’orgueil et des faux semblants de la Cour de France.
C’est grâce aux milliers de lettres que nous pouvons mesurer à présent l’impact que cette épistolière et intellectuelle a eu sur son époque et notre Histoire.